Mémoire

Le 13 septembre 1944, Chaumont est libéré.

Le fil des évènements

L’étau se resserre

Au début du mois de septembre 1944, la pression alliée devient plus forte encore autour de Chaumont quand des unités américaines, venant du Nord, poussent leur reconnaissance vers le Sud (5 et 6 septembre à Bologne, Brethenay). Le 9 septembre 1944, depuis les Côtes d’Alun, les alliés peuvent apercevoir les tours de la basilique Saint-Jean-Baptiste. L’aviation alliée harcèle quotidiennement les unités allemandes. Une chenillette allemande est détruite à la Croix-Coquillon par l’aviation alliée, le 10 septembre.

Dans la soirée, le capitaine De Schompré, de l’Etat-Major de la 2ème Division Blindée, convainc l’abbé Gradeler, curé de Luzy, d’aller négocier, dès le lendemain matin, la reddition des troupes allemandes stationnées à Chaumont. Charge à l’homme d’église de transmettre le message suivant au commandant de la garnison : « Chaumont est encerclé de tous côtés par la division Leclerc et les FFI. Toute résistance de votre part est inutile… Reddition immédiate des armes, internement de la garnison, la vie sauve pour tous. »

« Les Allemands ont quitté Chaumont »




Le 13 septembre au matin, le curé de Luzy prend la direction de Chaumont. Mais dans la ville, à la Gloriette, quartier général allemand, nul officier pour recevoir l’ultimatum allié. Pendant la nuit, la garnison allemande a quitté la ville par le faubourg de la Maladière en direction de Bourbonne-les-Bains. De 7h15 à 9h, une fois les dernières troupes évacuées, les ponts qui enjambent la Marne et le canal à La Maladière et aux Quatres Moulins ont été détruits.



Le curé repart prévenir le capitaine de Schompré qui aussitôt se met en route pour Chaumont. Vers 15h, les deux jeeps de la 2ème DB sont à la Préfecture. Le colonel Dio (2ème DB) prévenu de la situation décide d’envoyer un escadron – stationné à Châteauvillain – prendre possession de la ville.

Pour les FFI d’Euffigneix, la journée du 13 septembre commence bien mal. Aux premières heures du jour, les Allemands prennent position autour du village et déclenchent un feu nourri sur les maquisards qui ripostent au mortier et aux fusils-mitrailleurs. Ces derniers arrivent à faire quelques prisonniers. A 6h30 de nouveaux combats éclatent à Villiers-le-Sec. Plusieurs soldats ennemis sont tués ou blessés mais la 3ème compagnie a perdu l’un de ses hommes, le caporal René Caillaux. A midi, les FFI entrent dans Jonchery et apprennent la nouvelle de l’évacuation de Chaumont. Ils entrent à Chaumont vers 15h sous les acclamations de la foule. Les hommes sont placés aux endroits stratégiques de la ville. Certains surveillent le pont de Chamarandes resté intact. Ils sont bientôt rejoints dans les rues de la ville par les soldats de la 2ème DB. Deux véhicules blindés atteignent la Préfecture et prennent position.



Place de l’Hôtel de Ville, le bureau du RNP (Rassemblement National Populaire) est vidé, les brochures de propagande collaborationniste sont brûlées dans la rue. Les panneaux indicateurs allemands sont mis à terre. Les collaborateurs sont pourchassés. Des femmes soupçonnées trop proches des allemands sont prises à parti. Certaines sont tondues. Dans la rue Saint-Jean, un service d’ordre les prend en charge et les emmène au donjon.

Première journée de liberté

Jeudi 14 septembre 1944. Les FFI de Chaumont sont rejoints par la 1ère compagnie de FFI en provenance d’Arc-en-Barrois et un détachement de Saint-Dizier. De nombreux Chaumontais se sont rassemblés place de l’Hôtel-de-Ville. On apprend au même moment la libération, la veille, de Langres. Un hommage est rendu aux patriotes fusillés à La Vendue. D’émouvantes cérémonies sont improvisées au monuments aux morts et monument franco-américain, mutilé en décembre 1942.



14 septembre 1944, les FFI défilent rue Victoire de la Marne

Cette première journée est malheureusement endeuillée par la mort accidentelle du capitaine René Schreiber, commandant du Maquis Jérôme. Le corps du chef des FFI est exposé dans une chapelle ardente, sous le péristyle de la Préfecture.

Combien parmi nos voisins, nos amis, nos proches sont absents pour fêter ce premier jour de liberté retrouvée. Dans les rues les sanglots se mêlent aux larmes de joie.

Les hommes du Maquis Duguesclin



Sources : Collection Club Mémoires 52, médiathèque les silos